Pied de nez des vieux
Même "vieux", les français sont parvenus à faire la différence face aux espagnols.
Rencontre au sommet :
On les disait usés, fatigués ou tout simplement pas au niveau. La presse espagnole avait d’ailleurs fait ses choux gras mardi de ce choc Espagne-France en ironisant sur la vieillesse des joueurs tricolores. Volontiers provocateur, Marca avait même annoncé que ce match serait le jubilé de Zidane. Mais de jubilé il n’y eut pas sur la pelouse d’Hanovre mardi soir. Bien au contraire, les 43 000 spectateurs du Niedersachsenstadion ont assisté à un vrai match de coupe, avec de l’intensité, de l’émotion et bien sûr du talent.
Fidèle à son plan de jeu, l’équipe de France, qui ne pouvait tenter de rivaliser en vivacité avec le milieu de terrain espagnol, a intelligemment laissé l’initiative du jeu aux partenaires de Raul pour mieux les contrer. Un scénario qui a parfaitement fonctionné en dépit de l’ouverture du score de David Villa, sur un penalty consécutif à une faute de Thuram sur Pablo. Car par la suite, si les Espagnols ont globalement eu la maîtrise du ballon (61% de possession), ils n’ont que très rarement approché des buts de Barthez et l’ont encore moins inquiété (2 frappes cadrées seulement). A l’inverse, les Bleus, critiqués pour leur manque d’efficacité au premier tour, ont fait preuve d’adresse devant le but cette fois-ci, cadrant 5 de leurs 9 frappes, trouvant par ailleurs le chemin des filets à trois reprises. «On perturbait leur jeu de passes au milieu de terrain. C’est vrai que ça demande beaucoup d’efforts car on court énormément sans le ballon mais à chaque fois qu’on a réussi à le récupérer, on leur a faire mal en jouant vite. Après ils prenaient un peu moins de risques au milieu de terrain alors que nous, nous arrivions à nous créer des espaces et à les exploiter», explique Florent Malouda.
Constamment à la limite du hors-jeu, et même souvent pris au piège, Thierry Henry aura fait peser une menace constante sur l’arrière-garde espagnole, qui craignait sa vitesse de course. «Quand on arrive à récupérer le ballon assez haut, on peut vite jouer vers l’avant avec Thierry (Henry) qui peut prendre les espaces, Zinédine qui peut bien s’intercaler, ou même Franck qui peut faire la différence sur un dribble. A partir de là, on peut poser pas mal de problèmes à nos adversaires», résume William Gallas. Incapable de trouver la faille dans la défense française, les Espagnols ont donc finalement dû s’incliner dans les dernières minutes de la partie, victimes du réalisme tricolore. «Ce soir, la France a été meilleure. Malgré nos efforts et malgré notre travail en amont, nous n'avons pas su nous créer les occasions qui nous auraient permis de gagner ce match», saluait, beau joueur, le capitaine espagnol, Raul. «Nous sommes tristes d'avoir échoué contre une grande équipe qui était dans un grand jour», déclarait pour sa part David Villa, qui avait sans doute rêvé que son but de la première période qualifie son équipe.
Désormais libérés des démons de 2002 et 2004, les Français espèrent continuer leur route jusqu’au 9 juillet, objectif affiché par Raymond Domenech.
Pour cela, il faudra d’abord se défaire du Brésil, prochain adversaire samedi en quarts de finale à Francfort.
Ce qu'en pensent les entraîneurs:
- Domenech
Quelle est votre analyse de la rencontre ?
Les joueurs étaient prêts à affronter cette équipe, on les connaissait bien. Ensuite, il n'était pas facile de résoudre les problèmes. On a su gérer la rencontre avec lucidité, intelligence et profiter de leur inquiétude croissante. On les a empêché de jouer leur jeu et je suis pleinement satisfait de la manière. En plus, il y a eu ce côté émotionnel puisqu'on a été menés et c'est Zizou qui a marqué à la 90e minute. C'est un scénario fabuleux.
Comment expliquez-vous les différences entre les deux périodes ?
Je ne crois pas qu'il y a eu deux périodes distinctes. Le match s'écrit avec un scénario qui va de la première à la dernière minute. Il y a eu une évolution, on a su être patient, on a construit notre victoire avec beaucoup de solidarité, de rigueur et de solidité. Peut-être avons-nous commencé doucement mais on a su mettre notre jeu en place.
"Il faut encore progresser"
Ribéry a réalisé une grosse performance. Qu'en pensez-vous ?
Les 23 doivent être compétitifs quand on fait appel à eux. Ribéry a montré aujourd'hui un petit plus, il y en a eu d'autres auparavant et la prochaine fois, ce sera encore un autre. il avait envie on connaît ses qualités, il a 20 ans, il veut tout croquer et il n'a pas baissé de rythme en fin de match, ce qui n'a pas toujours été le cas. Il a accéléré jusqu'au bout mais Zidane aussi a accéléré en fin de match pour aller marquer son but.
Ce fut un match plein. Est-ce un match référence ?
C'était un match avec beaucoup de choses dans le jeu, dans l'animation. Mais il faut encore progresser, gommer les incertitudes et renforcer nos points forts. Cette équipe peut et doit faire mieux. On a envie d'aller plus loin. On verra comment on réagira lors du prochain match contre le Brésil
Le Brésil justement, est-ce le match le plus excitant que vous ayez eu à préparer ?
Oui car il n'y a pas eu beaucoup de sélectionneurs qui ont été en quart de finale d'une Coupe du monde. Ce niveau de compétition est excitant. Le Brésil est champion du monde en titre et cela créé quelque chose de plus, c'est vrai. Mais nous sommes là.
- Aragonés
Le score ne reflète pas la physionomie du match qui était plutôt équilibré. Quand la France a égalisé, nous avons accusé le coup. Cela nous a fait mal car nous aurions dû marquer un deuxième but. Ensuite, nous avons été victimes d'une erreur d'arbitrage car selon moi il n'y avait pas faute et sur le coup franc, quelqu'un aurait dû mieux marquer le 4 (Vieira). Puis un jeune joueur a perdu le ballon sur le troisième but. Je crois que nous avons vraiment manqué d'une certaine expérience. Nous n'avons pas su maintenir notre ligne quand les choses n'évoluaient pas dans notre sens, mais je trouve que mon équipe s'est bien débrouillée dans l'ensemble. Il y a de très jeunes joueurs dans cette équipe (d'Espagne) qui doivent prendre des leçons de matches comme celui-là.
L'homme du match : Vieira
Patrick Vieira a été déterminant lors de la victoire de l'équipe de France face à l'Espagne en huitième de finale de la Coupe du monde (3-1). Le milieu de terrain français a été élu pour la deuxième fois consécutive homme du match par la Fifa. Passeur sur le but de Ribéry, il s'est signalé en inscrivant le deuxième but de son équipe pour une performance de tout premier ordre.